Pourquoi le ballon rond est dans le viseur du terrorisme de masse

Publié le par Abdelkarim Chankou

Stade de France, le 13 novembre 2015.

Tout terroriste qui veut faire un maximum de victimes avec un minimum de moyens, à l’aide d’une ceinture explosive artisanale par exemple, choisira un espace où sont rassemblées des dizaines de milliers de personnes. Un stade de football de dimension moyenne ou grande (au moins 40.000 spectateurs) est une cible parfaite. Le terroriste qu’il soit un apprenti sorcier ou un pro aguerri sait d’avance que la détonation qui ne fera directement pas plus d’une dizaine de morts fera des centaines de tués indirectement en créant un grand mouvement de panique dans la foule. Pressés de vider les lieux des spectateurs se feront piétinés mortellement par d’autres… « Le stade, lieu par essence de joie, de fraternité, de socialisation, lieu devenu familial et de partage de la jeunesse, ambiance festive par excellence, donc cible de choix pour les terroristes » écrit Libération. Seulement les stades ne sont plus ce lieu de convivialité et de fête ; même les pays comme le Maroc sont désormais contaminés par le fléau du hooliganisme. Et les autorités ont décidé finalement de rompre avec le laxisme en prenant le taureau par les cornes. « Dans le souci des autorités publiques de veiller à la sécurité des citoyens de leurs propriétés et de préserver l'ordre public, il a été décidé d'interdire les activités de l'ensemble des +ultras+(*) des clubs sportifs qui agissent en dehors du cadre de la loi », apprend un communiqué publié après les affrontements entre supporters ont fait deux morts et 54 blessés samedi 19 mars soir à Casablanca, la plus grande ville du Maroc. Evidemment une grande surface, un aéroport ou une porte de métro peuvent aussi faire l’affaire, les derniers attentats commis à Bruxelles, le 22 mars dernier, le prouvent ; mais le lavage de cerveau et le conditionnement idéologique que le terroriste a subi le pousse à tuer plutôt des mécréants ; c’est-à-dire des non musulmans. Or comment savoir si une personne de type arabe ou africain est musulmane ou pas ? L’attaque d’un hypermarché, d’une station de métro ou d’un aéroport risque de faire des morts parmi des musulmans « innocents » qui fréquentent ces lieux publics. Ce dilemme les terroristes, agissant au sein de groupes autonomes organisés ou à leur propre compte (loups solitaires), l’ont résolu. La solution étant de viser tout simplement les espaces où les foules qui les peuplent sont considérées toutes comme constituées de méchants mécréants (kouffar ou kafara).

 

Le football est classé par plusieurs

imams qui écument la toile

comme une création de Satan

 

Comme le football est classé par plusieurs imams qui écument la toile comme une création de Satan alors il devient la cible toute désignée dont l’attaque ne risquera pas de donner de fâcheux remords ou à réfléchir au kamikaze au moment où il s’apprêtera à appuyer sur le détonateur. Certains diront alors pourquoi jamais des concerts de musique bien que celle-ci soit également considérée comme un produit satanique ? A cette bonne question la réponse est que les organisateurs en plus de l’important dispositif de sécurité déployé à l’occasion de tels événements musicaux avec des policiers en civils glissés parmi les spectateurs veillent à ce que toutes les franges de la société soient représentées parmi les fans : des femmes en djellabas ou voilées placées aux premiers rangs, précaution qui a pour effet d’éloigner le mauvais sort… «Celui qui écoute de la musique risque d'être transformé en singe ou en porc» (imam Rachid Abou Houdeyfa) page officielle Twitter D’où le fait que le stade de football où les spectateurs sont en quasi majorité des jeunes « hallucinés », vêtus d’une « façon satanique » se présente comme la cible idéale d’un attentat. Ceci d’autant que les stades sont devenus le théâtre de violences souvent mortelles. Mieux : même les joueurs qui sont devenus déjà des idoles (qui distraient les jeunes de l’adoration d’Allah) se comportent désormais en assassins ! Le 22 mars dernier un gardien de buts poignarde gravement son homologue lors d’un match du championnat espagnol de 3e division Dernier attentat-suicide contre un match de football après celui du Stade de France, le 13 novembre dernier, celui qui a « fait au moins 30 morts, vendredi 25 mars, après un match de football dans le village d’Al-Asriya. » Un capitaine de police a déclaré à l’AFP qu’ « Ils étaient en train de décerner le trophée aux vainqueurs quand le kamikaze s'est fait exploser dans la foule. » Le village se situe près de la localité d'Iskandariyah, à environ 40 km au sud de Bagdad. Puisqu’on est en Irak, restons-y ! Abou Abdallah al Hussein Al Qahtani, ne mâche pas ses mots : « Le football est un jeu crée par Satan et popularisé par le colonialisme ! » dixit ce jeune imam irakien de 40 ans, né dans à Al-Kadhimiya et ayant fait ses études dans la ville sante de Nadjaf. On peut multiplier les exemples, mais une chose semble certaine : le ballon rond est dans le viseur du terrorisme de masse.

 

(*) Les Ultras sont des associations de supporters à l'image des sodalités qui dans la Rome antique regroupaient les fans des gladiateurs. Ces clubs ont été utlisés à la fin de la république comme des réservoirs d'électeurs ; de meme les ultras servent de nos jours de machine à voter pour certains pattis poltiques.

Publié dans Opinion

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