Trump rompt avec les Talibans et Bolton : les non-dits d’une histoire à s'arracher la barbe

Publié le par Abdelkarim Chankou

Négociations Talibans-USA à Doha

Négociations Talibans-USA à Doha

Coup de théâtre, patatras : Trump annonce samedi dernier que le processus de paix avec les Talibans est mort , ce qui signifie en pratique le retour à la case départ et la reprise des bombardements américains des positions talibanes. Quelle mouche a donc piqué le président le plus imprévisible et le plus controversé de l’histoire des États-Unis pour qu’il multiplie par zéro plusieurs semaines voire plusieurs mois de pourparlers marathoniens ? Je ne fais pas dans l’antisaoudienisme primaire ni dans la danse du ventre pour le Qatar mais force est de constater que s’il y a un État qui verrait d’un mauvais œil le processus de négociation de paix entre l’administration Trump et les Talibans ce serait bien le royaume wahhabite. Pourquoi ? Parce que lesdites négociations de paix se déroulaient en terre qatarienne, autrement dit chez l’ennemi number one après l’Iran. Pire : ces transactions étaient sur le point d’aboutir et auraient donc mis fin à 18 ans d’embourbement des bys dans la steppe afghane, ce qui aurait été une victoire éclatante pour l’émirat du Qatar, soit un deuxième grand succès médiatico-politique après celui de l’obtention de l’organisation de la coupe du monde de football de 2022, un honneur qui empêche déjà beaucoup de monde de dormir et en Arabie saoudite et dans d’autres contrées de sa suite… Je n’irais pas jusqu’à dire que le régime de Riyad est si puissant pour pouvoir dicter sa volonté à Trump que la barbouzosphère qualifié de tête de cabochard de premier ordre et ce même si la diplomatie du chéquier que manie le royaume saoudien n’a pas besoin de démontrer son pouvoir convaincant… Donc si l’on admet que Trump a accédé à un caprice de l’allié et bon client saoudien c’est qu’une tierce partie aurait forcé la main au locataire de la Maison blanche. Qui alors ? Probablement un autre État qui verrait lui aussi d’un mauvais œil un éventuel succès diplomatique du Qatar. Sans égrener le long chapelet des pays qui gravitent autour du « Mecque » de Riyad, je mettrais bien le curseur sur les Émirats arabes unis et leurs avocat-assurance-vie qu’est Israël de Netanyahu Là aussi, même si l’union sacrée, constituée par Abou Dhabi-Tel-Aviv-Riyad pèse lourd dans la balance américaine, elle n’aurait peut-être pas réussi à convaincre Trump d’enterrer un chantier qui aurait été son seul vrai succès jusqu’au jour d’aujourd’hui, d’autant plus que « le retour des boys à la maison » est un thème majeur et émouvant de sa campagne électorale basée sur le slogan « l’Amérique d’abord. » Qui est donc cet autre poids lourd qui aurait fait pencher la balance du côté du triumvirat MBN (pour les initiales Allah reconnaîtra les siens). Bolton certainement.
Lune de miel
Le quatuor M2BN a donc eu ce qu’il voulait ou presque. Car le faucon vedette des toutes les fau-conneries des déserts s’est fait viré par son boss Trump peu de temps après l’annonce mettant fin à la lune de miel entre Trump et les Talibans. En fait l’ex-conseiller à la sécurité de Trump ne pouvait accepter l’idée d’un rapprochement entre son patron et les Talibans et qui plus est aboutisse. Non seulement pour ce partisan de la manière forte, né dans une famille baptiste modeste de la banlieue de Baltimore, dealer avec les Talibans et les inviter en plus à Camp David pour signer l’acte final est une insulte à son intelligence mais est un énorme et cruel camouflet à son ami Netanyahu qu’il admire de la tête aux pieds. Bref, ce que veut Bibi Bolton le veut aussi, l’inverse n’étant pas toujours vrai. Mais pourquoi alors Trump aurait-il accédé à une demande de ses alliés arabes défendus becs et ongles, et juste après il vire son conseiller qui les défend ? Mystère. Même si les divergences entre Bolton et Trump ne datent pas d’hier, il devrait y avoir une autre raison qui aurait poussé ce dernier à se défaire brutalement de son collaborateur le plus puissant. Par exemple une main occulte qui aurait catalysé l’attaque à la voiture piégée jeudi 5 septembre dernier qui a fait 10 morts dans le quartier des ambassades et des services secrets afghans (DNS) à Kaboul. Attentat qui a servi à Trump de prétexte pour signer l’acte de décès du processus de paix talibano-américain. Mais comment parler d’une éventuelle manipulation des Talibans pour les pousser à commettre un acte qu’ils savaient qu’il allait enterrer leur rêve de voir les troupes américaines quitter leur pays et par conséquent leur laisser la voie libre pour prendre le pouvoir et chasser le régime d’Ashraf Ghani que la majorité des Afghans considère comme étant corrompu et à la solde de Washington ? Surtout que ledit attentant a été revendiqué par les Talibans himself. Lesquels Talibans sont peut-être des fous de Dieu qui adorent guerroyer, mais sûrement pas des cons. D’où l’hypothèse d’une frange talibane affidée à l’axe Abou Dhabi-Riyad qui aurait donc tiré les ficelles… Hypothèse d’autant plus séduisante que nombre d’analystes émiriens et saoudiens qui ont pignon sur rue ne ratent plus aucune occasion ni sur les réseaux sociaux ni les chaînes satellitaires pour crier haut et fort que les Talibans ont beaucoup de respect pour les peuples et dirigeants saoudiens et émiriens ? Les premiers, avant les attentats du 11 septembre 2001, ayant financé la fabrication des Talibans par Washington pour les lâcher contre les restes du régime prosoviétique de Mohammed Najibullah que Moscou a mis en place après son retrait d’Afghanistan en 1989… Allah Akbar !

Publié dans Analyse

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