La Maison de l’Asinus Nica
Ce scrutin présidentiel américain est non seulement « historique » comme l’a affirmé le soir même de sa lourde défaite le candidat républicain et sénateur de
l’Arizona John McCain, mais il semble avoir tout d’une fable de La Fontaine.
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A 349 contre 163, le score est sans appel. Mais il appelle de notre part quelques remarques. D’abord l’élection de Barack Hussein Obama 44e président
des Etats-Unis d’Amérique doit beaucoup à la mobilisation des jeunes et les catégories qui sont fâchées avec les urnes. Le sénateur de l’Illinois, de père kéneyan, a réussi à incarner le
rêve d’une jeunesse américaine pour laquelle les héros de la guerre du Vietnam sont devenus avec le temps aussi irréels que ceux de la guerre de Troie. En jouant sur cette corde usée par
le temps, McCain n’a séduit en fin de compte que les vieillards et autres reclus de Phoenix dont l’imaginaire et la mémoire sont peuplés de guerres que l’Amérique a livrées depuis
1914.
La consécration d’Obama est tributaire pour beaucoup aux gaffes commises par la colistière de son rival : Mme Sarah Palin, gouverneur de son Etat d’Alaska, le plus riche d’Amérique, a plombé MacCain en donnant d’elle l’image d’une ambitieuse qui ne rêve que d’entrer à la Maison Blanche à un moment où la crise financière faisait des ravages dans la société américaine profonde. Ceci sans oublier la grossesse hors mariage de sa fille, un comble pour une mère républicaine censée incarner les valeurs maritales et mariologiques de son parti. Enfin Obama a gagné parce qu’une bonne partie de l’électorat républicain et aussi des lobbys financiers qui lui sont naturellement acquis ont détourné les yeux vers le camp démocrate dont le candidat Obama était le mieux armé du moment pour remobiliser une Amérique traversée par le doute autour de ses valeurs fondatrices.
(*) Dans certains villages berbères du sud marocain on dit encore asinus pour nommer cet équidé. |