Le retour du grand MENA

Publié le par Abdelkarim Chankou

Beaucoup d’observateurs ont cru que l’élection présidentielle américaine avait enterré pour de bon le projet du grand Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) cher à Georges Bush Junior. Je crois qu’ils se sont gourés. Car tout dit que le nouveau pensionnaire de la Maison-Blanche a bien l’intention de reprendre à son compte l’idée de son prédécesseur  même s’il le fait à sa manière.  

Si Bush croyait que les passerelles économiques et politiques allaient  se jeter d’elles-mêmes de part et d’autres d’un Maghreb Uni et du Moyen-Orient, Barack Obama, lui, croit qu’il n’en sera jamais ainsi tant que les conflits minant les régions  nord-africaine et moyen-orientale ne sont pas résolus.

La tournée express du sénateur Georges Mitchell entamée avant-hier, lundi, successivement au Maroc, en Algérie, en Tunisie puis aujourd’hui  en Israël et Ramallah  s’inscrit en droite ligne dans cette optique.  Et c’est là justement que réside tout le danger. Sans préjuger de sa bonne foi, l’administration Obama semble voir le monde extérieur d’une manière monolithique et linéaire.

Confronté à de graves problèmes économiques et sociaux dans son pays, le père du slogan électoral  « Change we can » qui l’a porté à la présidence de l’Amérique sait qu’il est tenu par une obligation de résultat. Et comme il ne peut pas aller plus loin que des changements symboliques  (fermeture de Guantanamo, levée partielle du boycott de Cuba, hausse du ton face à Israël, rapprochement linguistique avec l’Iran…), l’ex-sénateur de l’Illinois est condamné à réussir un grand coup fût-il aux dépens de ses alliés les plus courtois.

Croire qu’imposer un Etat palestinien ou faire la cour au Polisario en catimini ou encore jeter des fleurs à l’Iran va aider à la réalisation du grand MENA c’est faire preuve d’une niaiserie sans égal. Le MENA et ses sous-groupes géopolitiques c’est d’abord l’affaire des peuples qui le composent. On ne le dira jamais assez. Et pour que ces derniers consentent à cette réalisation, il faut que leurs souverainetés respectives  soient respectées.  Amen.

Photo : Mitchell reçu par le président Bouteflika.

Publié dans Edito

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