Aide à la presse écrite au Maroc : Le magazine Citadine toujours pas éligible
Qui lirait le titre de cet article penserait à deux choses. Primo : Le magazine Citadine,
fondé en 1995 par Abdellah Khizrane (alias Abdellatif), est trop riche pour prétendre à une subvention publique. Deuxio : la revue est
dans l’impossibilité de remplir les conditions d’éligibilité à cette aide. Ni l’une ni l’autre n’est vrai. Citadine est pauvre, mais ce sont ces propriétaires, le Saoudo-yéménite Jamal
Mohamed Ahmed Baamer et son colistier et compatriote Ali Mzaham Bajaber, qui sont pleins aux as. Citadine a parfaitement droit de demander l’aide publique à la presse
écrite. D’ailleurs elle l’avait demandée en 2008 et si elle a été éconduite par la Commission paritaire chargée d’examiner les demandes c’est que le magazine ne remplit aucune des
conditions requises pour l’octroi de la subvention (1). Ni les salariés ne sont déclarés à la CNSS depuis 2006, ni le nombre d’exemplaires déclaré ne correspond à la réalité (le magazine est
parfois tiré à 5.000 exemplaires alors que le chiffre déclaré est de 25.000).
Pour ce qui est des salaires des journalistes s’ils sont en général supérieurs au minimum exigé par le contrat-programme de 2005 c’est
grâce à un jeu alambiqué de primes d'indemnité kilométriques et de droits de panier imaginaires si bien que le salaire de base est en dessous des 5.000 dirhams pour des journalistes
ayant un niveau de Bac+5 et plus sans compter pour certains plusieurs années d’expérience. Des salaires imprimés sur des bulletins bricolés et qui ne sont remis aux concernés qu'en cas d'extrême
urgence ! Quant à la TVA perçue et non reversée, depuis plusieurs années, et les impôts jamais payés, c’est une autre paire de manches.
Bref, déposer une demande d’aide à la presse avec tous ces manquements à la loi c’est faire preuve d’un culot sans égal. Surtout
que les Editions Lilas (la Sarl qui édite le magazine féminin Citadine) avant 2009, année ou plusieurs journalistes ont été forcés au départ ou poussés à la porte, croulait sous une
publicité chèrement facturée. Aux dernières nouvelles, depuis avril
2011, le magazine fonctionne (après un arrêt de 6 mois causé par de sérieux problèmes fianciers de la Samir, qui ont trop occupé Baamer), en « mode économie ». La boite n’a plus de comptable depuis 2010, ni de
responsable de diffusion (c’est Mme Hind Kably, la secrétaire de Jamal Baamer à la raffinerie La Samir, qui se charge personnellement de porter les fichiers PDF à l’imprimerie de
Séville (Espagne) ; à défaut ils sont envoyés par émail !
Mieux : probablement pour partir sur de « nouvelles bases », Jamal Baamer qui dirige Les Editions Lilas depuis son
quartier général de Mohammedia soit par mail soit par le biais de sa secrétaire Hind Kably (un cas très original d’optimisation des ressources à enseigner dans les grandes écoles de gestion),
envisagerait de créer une nouvelle société éditrice du magazine en lieu et place des Editions Lilas, surendettées et traînant plusieurs procès pour
licenciement abusif ou de refus de paiement de prestation ou de salaire.
Cette ruse permettrait-elle à Citadine d’avoir enfin sa part du gâteau de l’aide publique à la presse ? Possible. D’autant que
malgré le fait que les patrons saoudo-yéménites de Citadine n’aient ni la nationalité marocaine ni la dérogation spéciale de publication (une violation pur et simple des articles 12, 27 et 28 du
Code de la presse en vigueur), le magazine continue de paraître tranquillement et en toute illégalité, un privilège qui n'est pas donné à toute le monde (voir encadré ci-dessous).
(1) La Commission paritaire de la presse écrite (CPPE) a décidé, lors d'une réunion mercredi 31
octobre 2012, à Rabat, d'octroyer la subvention de la 1ère tranche (75 %) à 34 titres remplissant les conditions requises telles que définies dans le contrat-programme 2005, indique un communiqué
du ministère de la Communication. Cette réunion s'est tenue en présence de représentants des départements gouvernementaux (le ministère de la Communication, le ministère des Finances et le
ministère du Commerce, de l'Industrie et des Nouvelles Technologies), ainsi que de représentants de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ).
NB : Excepté Citadine, les
principaux magazines féminins marocains sont tous éligibles à la subvention dont ils bénéficient en toute légalité.
A noter qu'en 2005, les autres
publications des Editions Lilas « Médina Maroc Magazine » (arrêté en septembre 2009), « Les Cahiers du Médecin » (continue de paraître), « Le Caducée »
(suspendu) et « Le Guide de la prescription » (arrêté en 2010) on été déclarés également inéligibles à l’aide à la presse.
Encadré :
"Le Soir Echos" a régularisé sa situation par le transfert des
actions de son associé étranger à un Marocain
Le ministère de la Communication a indiqué, mercredi, que le
journal le "Soir Echos" a régularisé sa situation depuis le 22 juin dernier en procédant au transfert des actions de son associé étranger à un autre actionnaire Marocain.
Un communiqué de ce département explique que les services
compétents du ministère avaient demandé aux responsables de l'entreprise éditrice du journal, après avoir constaté la participation d'un associé étranger dans son capital, de régulariser cette
situation conformément à la procédure en vigueur et aux dispositions des articles 12 et 28 du Code de la presse et de l'édition.
Le document relève que les responsables du journal ont donné suite favorable, et de manière "rapide et positive", à cette requête à travers le lancement de la procédure de transfert des actions de l'associé étranger à un participant Marocain, tout en informant les autorités concernées de cette décision en date du 22 juin 2012.
Le ministère rappelle qu'il avait adressé au cours de cette année une correspondances à un groupe de publications pour régulariser leur situation conformément à l'article 27 du code de la presse et de l'édition, selon lequel "est réputé étranger au regard du présent Dahir, quelle qu'en soit la langue d'expression, tout journal ou écrit périodique qui est soit créé ou publié en tout ou en partie au moyen de fonds étrangers, soit dirigé par un étranger", y compris "Le Soir Echos".
La même source ajoute qu'après avoir examiné le dossier de demande de ce journal d'obtenir le numéro de la commission paritaire de la presse écrite par une sous-commission technique composée de représentants de la Fédération marocaine des Editeurs de journaux et de représentants des départements gouvernementaux concernés, ladite sous-commission a constaté la participation d'un étranger dans le capital de la société éditrice, ce qui nécessite le recours de l'entreprise à la procédure d'autorisation et de publication en vertu d'un décret.
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de la mission quotidienne des services chargés de la révision des documents des entreprises éditrices, conformément au Code de la presse et de l'édition, (articles 12, 27 et 28) pour vérifier la nature de leur capital et la nationalité des actionnaires et responsables en charge de l'édition, et ce dans le cadre des attributions du ministère et du suivi des publications éditées au Maroc, tant nationales qu'étrangères, ajoute le communiqué.
Le document relève que les responsables du journal ont donné suite favorable, et de manière "rapide et positive", à cette requête à travers le lancement de la procédure de transfert des actions de l'associé étranger à un participant Marocain, tout en informant les autorités concernées de cette décision en date du 22 juin 2012.
Le ministère rappelle qu'il avait adressé au cours de cette année une correspondances à un groupe de publications pour régulariser leur situation conformément à l'article 27 du code de la presse et de l'édition, selon lequel "est réputé étranger au regard du présent Dahir, quelle qu'en soit la langue d'expression, tout journal ou écrit périodique qui est soit créé ou publié en tout ou en partie au moyen de fonds étrangers, soit dirigé par un étranger", y compris "Le Soir Echos".
La même source ajoute qu'après avoir examiné le dossier de demande de ce journal d'obtenir le numéro de la commission paritaire de la presse écrite par une sous-commission technique composée de représentants de la Fédération marocaine des Editeurs de journaux et de représentants des départements gouvernementaux concernés, ladite sous-commission a constaté la participation d'un étranger dans le capital de la société éditrice, ce qui nécessite le recours de l'entreprise à la procédure d'autorisation et de publication en vertu d'un décret.
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de la mission quotidienne des services chargés de la révision des documents des entreprises éditrices, conformément au Code de la presse et de l'édition, (articles 12, 27 et 28) pour vérifier la nature de leur capital et la nationalité des actionnaires et responsables en charge de l'édition, et ce dans le cadre des attributions du ministère et du suivi des publications éditées au Maroc, tant nationales qu'étrangères, ajoute le communiqué.