La peur de l’échec de la révolution empêche l’Occident de hausser le ton contre Kadhafi
Certes la Libye (du clan de Kadhafi) n’est pas la Tunisie ni l’Egypte. Et le bouillonnant colonel qui trône sur l’ancienne Cyrénaïque depuis 42 ans l’a très bien rappelé lors de son discours fleuve (plus de deux heures) et improvisé, prononcé en milieu de cette après midi devant sa résidence-bunker de Bab Al Azizia à Tripoli. Un discours où il a traité les insurgés de « rats » et sa personne d’un « commandant de la révolution » qui n’est pas un chef d’Etat et qui ne possède que son fusil pour se défendre.
Si après six jours de troubles (qui ont fait quelques 300 morts libyens) où, selon certaines sources, des avions de chasse et des mercenaires africains et arabes ont pris part moyennant 2000 dollars américains par jour, ni Washington, ni Londres ni l’Union européenne n’ont osé franchir le stade des regrets de ce qui se passe au pays de Omar Al Mokhtar, héros de l’indépendance libyenne, si c’est parce qu’ils ont peur que la révolution échouent et donc de risquer de se remettre à dos le colonel, commandant de la révolution du 1er Septembre 1969 qui a renversé le roi Senoussi alors que Kadhafi était âgé à peine de 27 ans (un peu avec l’aide de la CIA), après avoir attendu plusieurs décennies pour réussir à en faire un ami fréquentable. En clair, si la Maison Blanche, Londres ou Bruxelles anticipent sur l’avenir et haussent le ton contre le colonel et que ce dernier réussi à se maintenir, la première chose qu’il ferait c’est de se venger en coupant les vannes de l’or noir à destination de l’Occident, et en expulsant les compagnies pétrolières américaines, britanniques et françaises pour les remplacer par des pétrolières, brésiliennes, chinoises, malaisiennes ou russes. Qui n’attendent que ça.
Cependant, les jours du « roi des rois africains », le dernier titres qu’il s’est choisi, semblent bien comptés. Même si Kadhafi se maintient, rien ne sera plus comme avant. Le mur de la peur derrière lequel il a enfermé les Libyens depuis 42 ans s’est sérieusement lézardé. Espérons seulement que d’ici, les milices kadhafienne ne parviendrait jamais à déterrer un éventuel stock d’armes chimiques qui auraient échappé à la destruction officielle de décembre 2003.
Enfin un détail chiffonne : Le silence troublant et asourdissant de Moussa Koussa, le véritable homme fort de la Libye après Kadhafi. Désigné depuis 1994 chef des services de sécurité et du renseignement extérieur, il a été nommé le 4 mars 2009 ministre des Affaires étrangères en remplacement de Abdel-Rahman Shalgham. Mais Koussa reste l’homme le plus écouté du colonel. Et aussi de l’Occident. C’est lui qui a relui l’image de Kadhafi pour en faire un homme fréquentable…
Rappelons que Koussa a obtenu un diplôme de sociologie de l’université du Michigan (fief du président Obama) en 1978 avant de consacrer sa thèse à une biographie de l'inénarrable « Guide» Mouammar.