Tzipi Livni au Maroc ?

Publié le par Karim El Maghribi


C’est dans l’air depuis la semaine  dernière. La visite de Tzipi Livni au Maroc fait les choux gras des discussions dans les salons feutrés de Rabat. Mais jusqu’à la rédaction de ces lignes aucun officiel marocain ne veut ou n’ose ni infirmer ni conformer une telle éventualité. Il faut dire que l’actuelle ministre des Affaires étrangères israélienne ad-interim* qui a été élue le 17 septembre 2008 à la tête du parti centriste Kadima avec 43,1 % des suffrages exprimés contre 42 % pour Shaul Mofaz  (qui suite à ce cuisant échec a déclaré prendre sa retraite politique) fascine autant qu’elle inquiète dans certains milieux marocains. Elle fascine par ce qu’actuellement le Maroc vit un véritable âge d’or de la gent féminine et une femme leader d’un parti politique qui se surcroit pourrait être la deuxième femme à diriger un gouvernement israélien après Golda Meir, à la fin des années 1960, ne peut que fasciner certains Marocains, du moins les modernistes et féministes d’entre eux.

Elle fait peur ; car la presse locale relayant une certaine presse étrangère  s’est interrogée longuement sur le passé  sulfureux de Tzipi Livni. Le fait que celle-ci  eusse été dans sa jeunesse un agent du Mossad en Europe est perçue au Maroc comme une main de fer qui se cache dans un gant de velours.

Mais peu importe. Tzipi Livni a tout à gagner d’une visite au Maroc même de quelques heures même si la probabilité de sa réception par le Roi  ou même par le Premier ministre est voisine de zéro, le souvenir de la visite d’un Amir Peretz au Maroc en février 2006 où il a été reçu par le Roi, quelques temps avant son élection à la tête du parti travailliste et sa nomination  au ministère la Défense, poste qu’il a inauguré  en ordonnant le bombardement de Gaza (forcé, il est vrai, tant il pleuvait des Al Qassam sur Sderot), étant encore dans les esprits.

Pourquoi Tzipi Livni a tout à gagner d’une visite au Maroc ? La réponse est évidente : boycottée par les juifs Marocains du Shass, parti ultra-orthodoxe, Livni sait qu’elle ne  remportera les élections générales de février 2009  que si les juifs marocains votent Kadima. Maintenant est-ce qu’une visite même éclair de l’Ashkénaze Livni au Maroc peut-elle être perçue par les sépharades d’origine marocaine comme un clin d’œil pour les inviter à voter Kadima ? That’s the question. Mais toujours est-il que cette visite est souhaitée par les Saoudiens soucieux de voir Mahmoud Abbas, actuel président de l’Autorité palestinienne en fin de mandat, réélu confortablement.

 

 

Photo : Tzipi Livni avec Mohamed Benaïssa, ex-ministre marocain  des Affaires étrangères, à Paris le 4 juillet  2007.
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Publié dans Analyse

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