Palestine aller-simple ou l’improbable droit au retour

Publié le par Abdelkarim Chankou

Borj El Brajneh, Beyrouth (Liban)

Borj El Brajneh, Beyrouth (Liban)

La nation américaine, mosaïque de peuples d’origines géographiques, culturelles, religieuses et ethniques diverses ne peut pas comprendre pourquoi le « petit peuple » palestinien des territoires ou des camps de réfugiés en Jordanie, Syrie ou Liban tient tant au droit au retour à sa terre natale ou ancestrale depuis plus de 70 ans. Un droit reconnu et octroyé par l’organisation des Nations-Unis, faut-il le rappeler. Pour ne citer qu’elle, Mme Nikki Haley , actuelle ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, est l’exemple même d’une responsable américaine qui ne peut comprendre cet attachement de la diaspora palestinienne à son droit au retour. Née Nimrata Randhawa le 20 janvier 1972 à Bamberg (Caroline du Sud), Mme Nikki Haley est d’origine indienne, ses parents de religion sikh ont quitté l’Etat du Panjab dans les années 1960 pour s’installer à Bamberg en Caroline du sud, où elle a gravé les échelons du pouvoir sous l’étiquette du parti républicain, en passant du rang de membre de la chambre des représentants à celui de gouverneur de la Caroline du sud. Fonction que cette comptable de métier, reconvertie au méthodisme, occupait avant d’être désignée en janvier 2017 par l’équipe du président Trump ambassadeur de Washington à l’ONU. Elle devrait se demander pourquoi diable ces 6 millions de réfugiés ne feraient pas comme ses parents émigrés panjabis ; à savoir de s’installer définitivement dans un pays d’accueil et d’y refaire leur vie. Bonne et légitime question. Seulement tous ces 5,9 millions d’expatriés malgré eux n’ont pas la chance de la famille Randhawa, en l’occurrence la chance d’être indienne, non musulmane et facilement « convertible », atouts qui facilitent l’intégration d’un émigré dans une société où ce sont les blancs chrétiens qui tiennent les cordons de la Bourse du pouvoir. Selon des chiffres récents du Bureau central palestinien pour les statistiques « 17 % des 5.9 millions des réfugiés enregistrés auprès de l’UNRWA vivent en Cisjordanie, 24,5 % dans la Bande de Gaza, 39,1 % en Jordanie et 8,8 % au Liban, et 10,6 % en Syrie. » Ceux qui ne sont pas concernés par les aides de l’ UNRWA sont entre 50 000 et 80 000 Palestiniens en Egypte ; 50 000 en Irak ; 275 000 en Arabie saoudite ; 55 000 en Algérie ; 70 000 en Europe ; entre 150 000 et 200 000 aux Etats-Unis ; 500 000 au Chili ; entre 40 000 et 60 000 au Brésil et environ 350 000 dispersés entre divers pays du Golfe persique et d'autres pays musulmans (Pakistan, Turquie, Azerbaïdjan).
MICROSOME PRIVILEGIE
Autrement dit ceux qui vivent en Europe ou en Amérique du nord représentent une proportion insignifiante. Or Si cette ultra minorité qui vit essentiellement dans les pays scandinaves, Allemagne, Canada, Etats-Unis, Brésil… est numériquement négligeable elle est par contre socio-politico-économiquement signifiante. Très bien intégré notamment par les mécanismes du mariage mixte, bien éduquée et instruite, occupant des rangs sociaux que leur envient même les autochtones (médecins, ingénieurs, professeurs émérites d’universités, businessmen, pilotes de ligne, banquiers, avocats, journalistes...), ce microsome privilégié n’a même pas l’idée de ce que signifie le droit au retour en Palestine ! Et il n’a pas tort quand on connaît les conditions lamentables dans lesquelles vivent leurs « ex-compatriotes » dans les pays arabes y compris dans les territoires de Cisjordanie et Gaza. Malheureux auxquels il faut ajouter les 1,76 millions d’Arabes israéliens dits de « 1948 » qui depuis le vote le 19 juillet dernier à la Knesset de la loi sur l'État-nation juif sont assimilés à l’insu de leur plein gré à des réfugiés. Il ressort de ces statistiques que l’écrasante majorité des expatriés palestiniens vit dans des pays d’accueil qui sont soit pauvres soit des autocraties qui n’offrent pas même à leurs propres ressortissants des conditions de vie décentes. Une situation qui explique pourquoi une large partie de ces masses de réfugiés et leur descendance tient à retourner en terre natale ou ancestrale. Il faut savoir que le pire des quartiers de Gaza est un havre de paix et de prospérité comparé au ténébreux et crado camp de réfugiés de Borj El Brajneh à Beyrouth. C’est justement ce que ne semble pas comprendre Mme Nikki Haley et nombre de décideurs américains dont le président Trump himself qui a poussé le bouchon de l’ignorance jusqu’à couper brutalement les vivres à l’UNRWA, l’office onusien chargé de l'aide aux réfugiés palestiniens du Liban, Syrie, Territoires, Jordanie dont la scolarisation de plus de 520 000 enfants.
Trump qui n’ignore pas que l’Etat d’Israël a été fondé par la diaspora juive d’Europe peut-il accueillir ces malheureux sevrés de l’UNRWA aux Etats-Unis ?

Publié dans Focus

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C
This is lovely. keep it up.This is so lovely.
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H
Thank's for your comment