Le drame d’une famille marocaine qui s’oppose à l’incinération de son fils mort à Limoges

Publié le par Abdelkarim Chankou

Le drame d’une famille marocaine qui s’oppose à l’incinération de son fils mort à Limoges
Le ressortissant marocain Hassan Nabiri, résidant à Limoges (ville du centre sud-ouest de la France), et marié à une française est-il devenu un Bouazizi malgré lui ? Avec tous les respects pour le défunt, sa famille marocaine ainsi que sa veuve, la question se pose et s’impose, presque d’elle-même. Le disparu qui était âgé de 45 ans quand il a succombé à une piqûre de moustique (après quelques jours passés en réanimation) est à son corps défendant au centre d’une vive polémique franco-marocaine pour ne pas dire un imbroglio juridico-politico-religieux. En cause, le refus de la veuve française de voir sa famille marocaine réceptionner sa dépouille pour l’inhumer dans un carré musulman selon le rite musulman. Mme Nabiri veut incinérer son défunt mari conformément à un souhait exprimé avant sa mort ne cesse-telle de répéter à qui veut l’entendre. Mais la mère et le frère Hafed du disparu ne l’entendent pas de cette oreille et mettent même en doute les dires de l’épouse. Suspicion renforcée par le fait qu’il n’existe aucune trace matérielle qui prouve que le mort a bien fait cette demande hormis, évidemment, la bonne parole de la veuve. Résultat : l’affaire est allée en justice et le tribunal de Limoges a rendu mercredi dernier un jugement en urgence donnant raison à la veuve Nabiri. Affolement, indignation, chez la famille marocaine du décédé qui rameute les services consulaires marocains de Bordeaux, lesquels s’en réfèrent à leur tour aux affaires étrangères du pays d’origine. La famille du disparu aurait même reçu la garantie d’un haut responsable de la diplomatie marocaine qu’une issue heureuse sera trouvée à cette affaire. En tout cas Mustapha El Khalfi , le ministre délégué chargé des relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, a bien déclaré, à l’issue du conseil du gouvernement de ce jeudi, que l’incinération d’un Marocain est « absolument inacceptable ». Déclaration que la presse locale a interprétée comme le signe que cette histoire allait être connaître un dénouement heureux pour la partie marocaine. Mais cette histoire n’est pas vraiment la première du genre ; puisqu’un autre Marocain décédé en Italie , en mai de cette même année, a failli être incinéré sur demande de sa veuve italienne qui a avancé les mêmes arguments que la veuve de Limoges. Et si la crémation a été stoppée in extremis c’était grâce à la forte mobilisation de la communauté musulmane de Brescia. En tout cas une chose semble sûre : les mariages mixtes islamo-catholiques ou islamo-laïcs ça ne tient pas la route du moins pour une majorité de Marocains, car ils se terminent souvent par des drames.
Bouazizi post mortem
Pour l’anecdote, dans une interview réalisée en direct et en duplex en 1989 depuis Rabat pour l’émission L’Heure de vérité, diffusée sur l’ex Antenne 2 (actuel France 2), feu le Roi Hassan II en réponse à une question de la journaliste de feue Geneviève Moll sur les mariages mixtes a eu des mots durs mais clairs et francs. ( Vidéo INA ) « C'est vraiment le calcul des probabilités le plus improbable, pour 1 qui réussit, il y en a 100 qui échouent, je ne recommande pas les mariages mixtes, ni dans un sens ni dans un autre. » a-t-il dit. Un peu moins de 30 ans plus tard, un énième cas de mariage mixte franco-français capote, et quand ce n’est pas le divorce qui signe l’échec ce sont soit les procédures d’héritage soit d’inhumation. Et dans le cas d’espèce l‘échec est consommé et il est cuisant : le lendemain du jugement en première instance, c’est-dire jeudi 02 août dernier, la cour d’appel de Bordeaux a en effet confirmé la décision du tribunal limougeaud. Triplement endeuillée, la famille du mort qui ne possédait pas la double nationalité et qui était musulman et observait certains rites islamiques, comme le jurent sa mère et son frère, s’est retournée en dernier ressort vers le roi Mohammed VI en l’implorant intervenir auprès des autorités françaises pour surseoir à la crémation. Mais même si en France les préfets ont la pouvoir d’annuler ou de déférer l’exécution d’une décision de justice, il est peu probable que la dépouille du défunt soit livrée à sa famille marocaine pour inhumation selon le rite musulman. « Longtemps considérée comme marginale, l’incinération connait un essor spectaculaire. À tel point que, selon les statistiques de la Fédération Française de Crémation, elle a été multipliée par trente en trente ans à l’échelle nationale et ne cesse de progresser. Des chiffres appuyés par un récent sondage IPSOS [2015] soulignant que 51 % des Français préfèrent une incinération à une inhumation. » lit-on sur le site de Granimond , le spécialiste de l’aménagement d’espaces cinéraires. Autrement dit les Nabiri sont carbonisés d’avance.

Publié dans Dialogue des cultures

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A
Mort d'une piqûre de moustique???c'est suspect... Si j'avais été de la famille j'aurai deandé une autopsie....A bon entendeur...ou liseur!
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A
Je crois que l'autopsie se fait automatiquement dans ces cas-là