Maroc : l’armée en dégraissage massif

Publié le par M.S.

Dégraisser massivement les effectifs des troupes régulières marocaines (réservistes et paramilitaires non compris) qui atteignent les 200.000 hommes contre seulement 180.000 pour l’Espagne -pays plus peuplé et membre de l’Otan !- s’avère une nécessité. En fait de nos jours le nombre ne fait plus la différence, c’est la qualité de l’arme qui tranche.  Et un pays faible se fait toujours envahir.

 

Mais l’opération de dégraissage du mammouth ne s’annonce pas facile. Plusieurs obstacles et contraintes  surtout sociales incitent  les responsables marocains à la vigilance ou à la prudence. Au Maroc comme beaucoup de pays du monde en développement, l’armée est d’abord une usine pour absorber la main d’œuvre rurale que le secteur civil ne peut éponger à lui seul avent d’être un corps de défense.

 

Mais plusieurs changements géopolitiques intervenus au cours des dernières années ont encouragé les responsables marocains à  accélérer la cadence  vers une armée de métier, rajeunie, mieux formée et aux effectifs en rapport avec les moyens financiers de l’Etat.

 

D’abord, il y a l’éloignement  du spectre d’une guerre au Sahara ou contre le voisin espagnol. Il y a aussi le fait que l’armée marocaine, totalement dépassionnée et purgée, ne sent plus directement concernée par les conflits du Moyen-Orient comme elle l’était par le passé. Et finalement il ya lieu aussi de souligner  que l’armée n’est plus censée envahir la rue en cas de troubles sociaux graves ; des corps paramilitaires (gendarmerie royale : 23.000 hommes, et forces auxiliaires : 44.000 hommes) ont déjà pris la relève.

 

L’idée d’un dégraissage des FAR accompagné d’une cure de rajeunissement et de mise à niveau  sur le plan formation a émergé dès les premières années du règne du Roi Mohammed VI, chef suprême des armées. Mais c’est à partir de 2005 que les premières décisions commencent à tomber. Cette année a été marquée par un nombre impressionnant de Missions de maintien de la paix en Afrique et aux  Balkans auxquelles des Casques bleus marocains ont pris part. Cette mise à disposition  de  l’ONU des troupes marocaines a un double avantage. D’une part elle permet d’aiguiser l’expérience du terrain des militaires marocains aux frais de l’ONU et de l’autre elle accroit le prestige de l’armée marocaine au niveau international. D’ailleurs, une diversification des participations des FAR à des missions autres qu’onusiennes, par exemple sous l’égide de l’OTAN, est envisageable. En automne 2006, le service militaire obligatoire a été aboli.

 

Cependant cette réduction des affectifs militaires réguliers n’est pas dictée uniquement par un souci de soulager les finances publiques. Son but est surtout de permettre aux FAR de s’équiper en matériels modernes. Or quand on sait que L'Etat marocain  consacre à la défense un budget de 35 milliards de dirhams (4 milliards de dollars), soit 16 % du budget général de l’Etat, et que les salaires,  qui oscillent entre 140.000 dirhams et 1500 dirhams, en absorbent 25 milliards, on voit qu’il ne reste dans la tirelire, hors aide étrangère, que quelque 10 milliards de dirhams (environ 1,2 milliards de dollars) pour acheter de vraies armes. Autant dire une broutille. Ce qui explique que le Maroc opte parfois pour du matériel  usagé ou  réformé offert par des Forces onusiens comme une dizaine de blindés légers donnés aux FAR par la KFOR au terme de leur mission au Kosovo.

 

Ainsi l’épargne réalisée sur la baisse des effectifs doublée de la baisse de la facture pétrolière et du retour de la bonne pluviosité  va permettre au Maroc de rattraper son retard pris sur l’Algérie qui a triplé son budget de défense en le faisant passer  de 2 à 6 milliards dollars entre 2008 et 2009 !

Publié dans Confidentiel

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