André Azoulay à El Periodico : « Je suis un Arabe de confession juive »

Publié le par Joan Tapia & Maite Cruz

Membre du comité d'honneur de la Fondation Tanja et président de la Fondation Anna Lindh. Il veut lancer la nouvelle Union pour la Méditerranée.


Par Joan Tapia pour El Periodico
 


Joan Tapia : Dix années de règne de Mohammed VI. Quel bilan ?

André Azoulay : Un Maroc qui bouge. Des réformes sociales, politiques et économiques. Un projet de société démocratique et moderne.

JT : Le régime est-il stable ?

AA : La démocratie exige de la croissance, cela nécessite un rééquilibrage social. C'est le pari pour être un pays stable et un partenaire attractif pour l'investissement étranger.

JT : Qu'est-ce qui distingue Mohammed VI de son père Hassan II?

AA : (…) Hassan II était un grand roi, Mohammed VI incarne en même temps, la continuité et le changement (…)

JT : Peu de changement…

AA : Sans rupture. J'ai moi-même été conseiller de Hassan II, et maintenant de Mohammed VI. Le projet est le même, mais avec de nouveaux éléments.

JT : Quel projet ?

AA : Celui d’être un pays moderne. Il y a les droits de la femme,  le nouveau code de la famille et une économie émergente (…) Il ne s'agit pas d'un changement imposé de l'extérieur, mais d’un projet qui intéresse les Marocains.

JT : Toujours des relations privilégiées avec les États-Unis ...

AA : Le Maroc de Mohammed III a été le premier pays qui a reconnu l'indépendance des États-Unis et nous avons de bonnes relations, mais l'aide américaine est modeste par rapport à ce que reçoit d’autres pays comme l'Egypte.

JT : La France ou l'Espagne ?

AA : La France et l'Espagne, mais surtout l'Europe, qui est la première destination de nos exportations, le premier fournisseur, le premier bailleur de fonds, le premier employeur de nos émigrés, et la première en termes de coopération technique.

JT : Et l'Espagne ?

AA : Nous aspirons à un grand contrat de confiance basé sur la qualité. En 10 ans, ces relations se sont beaucoup améliorées dans les domaines politique, stratégique, économique et culturel.

JT : Plutôt avec Aznar ou Zapatero ?

AA : Je ne veux pas m’immiscer dans la politique espagnole. Bien sûr, il y a une différence. Tout le monde le sait.

JT : Vous êtes membre du comité d'honneur de la Fondation Tanja. Pourquoi ?

AA : Les relations entre l'Espagne et le Maroc sont bonnes. Mais elles seront plus fructueuses si elles impliquent la société civile. Nous devons passer de l'ignorance qui tient compte du passé à une perception positive. Afin de stimuler l'intérêt des entreprises.

JT : Que représente l’investissement espagnol ?

AA : L'Espagne est le deuxième investisseur en importance après la France. Et 50% de l'investissement des entreprises espagnoles est catalan.

JT : Dans quels secteurs?

AA : L'immobilier, le tourisme, les services et de nombreuses moyennes industries.

JT : L'islamisme préoccupe ?

AA : Le Maroc est une société pluraliste et il n'y a pas de menace islamiste. Bien que nous soyons vigilants ; car le fondamentalisme religieux est un danger.

JT : Vous avez un parti islamiste au Maroc ...

AA : Nous sommes un régime pluraliste. Il y a des islamistes, mais le gouvernement est formé par quatre partis, de droite et de gauche. La démocratie marocaine se porte bien.

JT : Elle a été étiquetée comme imparfaite...

AA : Elle va bien. Il y a eu des élections en 2002 et en 2007. Le 12 juin, il y aura des élections municipales, nous verrons mieux le paysage politique.

JT : Un conseiller juif du Commandeur des Croyants dans un pays que les Juifs ont quitté...

AA : Je suis un Arabe de confession juive. Il y a eu des Arabes de religion juive au Maroc depuis 3.000 ans, avant que l'islam ne naisse. Certains sont partis -volontairement- lorsque l'État d'Israël est né ou dans d'autres pays.

JT : Combien sont-ils restés ?

AA : Maintenant, environ 4.000. Mais l’essentiel est que les Juifs d'origine marocaine ont où qu’ils soient un bon souvenir du Maroc, mais pas toujours égal.

JT : Que visez-vous?

AA : Je ne vise personne. L'histoire a été dramatique dans de nombreux pays.

JT : Vous êtes aussi le président de la Fondation Anna Lindh qui veut rapprocher les sociétés des deux rives de la Méditerranée.

AA : Celles de 43 pays de l'Union pour la Méditerranée (UPM), qui est un pas de géant. Regardez, moi, Juif marocain, ai été le candidat que la Ligue des États arabes a élu à l'unanimité.

JT : Votre plan ?

AA : Le premier semestre de 2010 coïncidera avec la présidence espagnole de l'UE et les 15 années du Processus de Barcelone. Nous aurons dans cette ville une grande réunion des 2.500 associations du réseau de la Fondation. Nous voulons ancrer l'UPM dans la conscience des citoyens des 43 pays.

Traduction volontaire et approximative du blogueur. Entretien paru dans le site internet du journal catalan El Periodico, le 28 mai 2009.

Texte original

Photo: Maite Cruz


Publié dans Focus

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article