La presse indépendante, soupape majeure du consensus national

Publié le par Karim El Maghribi

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Tout d’abord j’entends par « presse indépendante » celle qui ne dépend ni du pouvoir politique ni économique. Parenthèse fermée.

 

Ces dernières années ont été marquées par la cessation de paraître d’un certain nombre de journaux et revues indépendants alors qu’une sorte d’épée de Damoclès-qui ne dit pas son nom- n’a cessé de planer sur plusieurs titres qui résistent, bon an mal an, et qui ont vu leur ratio publicité/nombre de pages tendre tranquillement vers zéro. Et même quand la maigre publicité est là il faudra se plier en quatre voire en cinq pour en recouvrir la contre-valeur pécuniaire. Certains agents de recouvrement reviennent bredouilles de chez des annonceurs après avoir gaspillé des centaines de minutes au/de téléphone et des dizaines de litres de carburant. A ce rythme, la faillite n’est pas loin surtout que toutes les publications indépendantes ne bénéficient pas de subsides de l’Etat, soit par non-conformité du dossier de la demande avec les conditions d’éligibilité, soit par choix souverain du/des patron(s) de l’entreprise de presse.

 

A l’évidence la situation est déplorable. Je ne parle pas de l’avenir des centaines d’employés qui vivent de ces canards ni de milliers d’autres en vivant indirectement, vendeurs ambulants, kiosquiers, distributeurs etc. Mais j’évoque un autre volet, il est vrai caché, de cette presse. Depuis la seconde guerre de Golfe de 1991 et le cessez-le-feu de la même année au Sahara dit occidental, la presse écrite marocaine s’est vue assigner, parfois à l’insu de son plein gré, le rôle de défouloir d’une partie de l’opinion publique. Face au dialogue de sourds qui prévalait entre 1991 et 2001 entre Rabat et le Polisario, c’était une certaine presse indépendante qui jouait les soupapes en s’offrant comme tribun alternative à des voix qui se sont placées hors du consensus national. Le truc a assez bien fonctionné jusqu’à 2003 quand les attentats du 16 Mai ont inversé brutalement la vapeur. Depuis une sorte de pensée unique pour ne pas dire inique a régné sur le milieu de la presse indépendante marocaine. Ce coup de frein a évidemment influencé négativement la diversité du contenu des publications en question. Ce qui par ricochet à induit un sentiment de lassitude chez le lecteur, lequel à son tour s’est traduit par la chute des ventes puis du volume publicitaire…

 

Mais le plus sérieux ne se situe aux niveaux social et matériel, mais bien sur le plan du consensus national qui risque de se rompre à tout moment. Et comme il n’y a jamais de fumée sans feu, la montée crescendo de la contestation sociale et politique inquiète déjà !

Publié dans Focus

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