La cooptation du Maroc par le CCG met Alger au pied du mur

Publié le par Abdelkarim Chankou

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Le jour du 10 Mai 2011 sera une date à marquer d’une pierre noire pour la junte qui tire les ficelles à Alger. C’est le jour de la réunion du Conseil suprême du Conseil de la coopération des Etats du Golfe (CCG) à Riyad et qui s’est soldé entre autres décisions importantes par les invitations aux royaumes du Maroc et de Jordanie de rejoindre le club économique qui regroupe depuis 1981 outre le Royaume d’Arabie saoudite et du Bahreïn, les émirats du Koweït et du Qatar ainsi que les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman. 

 

Il faut dire que la junte au pouvoir Alger s’attendait à tout sauf à ça ! Elle croyait qu’en demeurant sourde à tous les appels de réouverture de la frontière avec le Maroc, fermée depuis 1994- une initiative marocaine, c’est vrai mais c’était de bonne guerre (*)-, elle allait finir par mettre à genou Rabat pour lui dicter enfin ses conditions dont l’abandon de la souveraineté sur son Sahara. Machiavélique ! Surtout que la conjoncture internationale qui, prévaut depuis 2008, est favorable à l’exercice de ce type de chantage. Le Maroc a absolument  besoin de compenser le manque à gagner en devises touristiques européennes par une arrivée massive des touristes algériens qui d’habitude allaient bourlinguer ou flâner en Egypte, Libye ou Tunisie, trois pays secoués par les révoltes populaires. Aussi, Rabat a-t-elle besoin de quelque 1 milliard d'euros par an pour financer le dialogue social. Alger sait très bien tout cela mais ne veut pas faire de cadeau à son voisin, et ce malgré les fortes pressions qu’elle ne cesse de subir, ces dernières semaines, de la part et de l’Europe et des Etats-Unis pour rouvrir les frontières terrestres. Quand on a sous-sol qui regorge de brut on peut se payer le luxe de faire la brute. Et excusez moi d'être brutal…

 

Conscient de la chance que peut représenter cette invitation golfique et pour sa solvabilité et pour sa crédibilité  internationales, Rabat n’a pas attendu une minute pour répondre présent. D’autant que Abdelaziz Bouteflika, le « président honorifique » de la junte militaire, a ses entrées dans le Golfe, où il s’était exilé de 1981 1989 après avoir été viré du FLN sur ordre de Chadli Benjedid.

 

Le Maroc 7e Etat du CCG- ou le 8e si Amman rejoint également le club-, cela équivaut à un cuisant échec de la politique algérienne visant à isoler le Maroc sur la scène internationale.

 

Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne a eu beaucoup de peine à cacher son bonheur de voir les 22 membres de la Ligue arabe élire par consensus (suite au retrait du candidat du Qatar) l’Egyptien Nabil Al-Arabi au secrétariat général de cette organisation panarabe. M. Abderrahmane al Atia, ancien secrétaire général du CCG, qui prend le relais de l’Egyptien Amr Moussa (probable futur président de l’Egypte) cela aurait été trop pour les nerfs des galonnés d’Alger. L’honneur est sauf…

 

(*) Deux Franco-algériens ont été impliqués dans l’attentat contre l’hôtel Atlas-Asni à Marrakech en 1994  et arrêtés par la police marocaine ; ce qui a provoqué la fermeture des frontières.

Publié dans Edito

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