Le dialogue des cultures doté d'une vraie feuille de route

Publié le par Abdelkarim Chankou

maroc-bresil-azoulayMême pour le Traité de Rome fondateur de l’actuelle Union européenne on ne l’a pas fait ! En 1957, personne ne savait à quel point les populations respectives des futures nations qui composeront la CEE étaient prêtes à mettre leurs systèmes économiques en commun. Plus tard avec Maastricht, Schengen, Nice ou Lisbonne on n’était pas plus avancé. D’ailleurs les scores des consultations référendaire sur les deux derniers points montrent que l’on n’est loin de l’unanimité rêvée des pères fondateurs de l’Europe unie. Non seulement ces scores allaient de quelque 51% à 67 mais ils sont si flous et vagues que l’on ne pouvait pas se faire une idée précise sur le degré d’acceptation des Européens à mettre leurs destins économique et politique en commun. On était convaincu que le critère géographique er religieux primait sur les autres facteurs politique et culturel. Résultat : l’Europe peine à mettre au point un système de défense commune, les Anglais roulent toujours à droite et préfèrent rester en dehors de la Zone Euro et les pays membres de ce club monétaire sont inapte à s’entendre unanimement sur la méthode idoine pour préserver l’union monétaire du danger qui la guette.

Si l’Europe des Quinze ou des Vingt-cinq est incapable de régir avec la célérité requise pour affronter les défis du moment faute d’une assise populaire unifiée qui ferait pression sur les hommes politiques de chaque pays pour mettre de côté la sempiternelle spécificité pou préférence nationale, alors que dire d’une Espace de 43 pays où les membres ne sont pas tous géographiquement européens. L’UPM, mise sur les rails le 13 juillet 2008 à Paris, regroupe en plus des plusieurs pays membres de l’Union européenne, des Etats des Balkans, du Moyen-Orient, et d’Afrique du Nord sans oublier la Turquie. Comment faire en sorte que ce méga projet cher au président français Nicolas Sarkozy et auquel le Maroc est le premier pays à y adhérer corps et âme ne soit pas un vœu pieu ? Réponse : il faut qu’il soit voulu par l’ensemble des peuples qui le composent y compris Israël et les pays arabes. Car la volonté politique des dirigeants ne suffit pas. Mais comment savoir à quel degré les sociétés civiles des 43 pays de l’UPM sont prêts à vivre ensemble ? Réponse : il faut leur demander. C’est aussi simple que ça. Et c’est tout le travail qu’a fait la Fondation euroméditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue des cultures que préside André Azoulay. Un boulot aussi inédit que remarquable.

Ce travail qui porte sur les relations interculturelles en Méditerranée contient la première enquête d'opinion sur les tendances et valeurs interculturelles réalisée à l'échelle des 43 pays de l'Union pour la Méditerranée. Le lancement officiel Rapport Anna Lindh sur « les Tendances Interculturelles » est programmé pour la mi-septembre 2010, mais sa publication a d'ores et déjà éveillé la curiosité de nombreux décideurs politiques, leaders de la société civile, ainsi que de la communauté académique. Notamment à l’occasion de la 3e édition du Forum de l'Alliance des Civilisations qui s'est ouverte ce week-end à Rio de Janeiro avec la participation d'une délégation marocaine, conduite par Mme Latifa Akharbach, secrétaire d'Etat auprès du ministre des affaires étrangères et de la coopération.

Le Rapport Anna Lindh sur les « Tendances Interculturelles » est un instrument unique pour faire face à la xénophobie et au choc des cultures, a souligné André Azoulay, conseiller de SM le Roi Mohammed VI et président de la Fondation Anna Lindh et co-fondateur de l'Alliance des Civilisations qui a pris part à une session spéciale de cette réunion annuelle de l’Alliance des civilisations.

« Pour la toute première fois, la communauté internationale dispose d'un outil scientifique permettant de mesurer non seulement l'évolution de nos relations avec l'Autre, mais aussi de dresser une feuille de route concernant les actions prioritaires à mettre en place afin de renverser la tendance actuelle qui va vers davantage de discrimination, de xénophobie et de clashs idéologiques », a indiqué André Azoulay.

Sûr : cet outil scientifique servira d’astrolabe à l’équipage du navire UPM pour ne pas naviguer à vue. De même, servira de lanterne à d’autres projets similaires.

La cérémonie d'ouverture du Forum a été présidée par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, en présence notamment du Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan et du haut représentant des Nations Unies pour le dialogue des civilisations, l'ancien président portugais Jorge Sampaio.

Le 4e Forum de l'Alliance des civilisations est prévu en 2011 au Qatar.

Publié dans Dialogue des cultures

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